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"Adım Farah" ( En Français).

Dernière mise à jour : 12 mars 2023













Adim Farah deux premiers épisodes.

Engin Akyürek Tahir Lekesiz

Demet özdemir Farah Erşadi

Firat Tanış Mehmet Koşaner

Réalisé par Recai Karagöz. 2023.

Dans cette série policière qui semble, de prime abord, respecter les codes du film de genre à la manière du parrain, le metteur en scène pose ses pions dès le premier épisode.

Tout part d’une dispute entre deux jeunes hommes, le fils d’un mafieux, Khaan Akıncı et un policier infiltré. Cette altercation dont on ne connait pas les causes est suivie du meurtre accidentel du jeune policier. A partir de là, une cartographie subtile des personnages se met en place. Les principaux protagonistes: Le témoin involontaire de ce meurtre, Farah ( Demet Özdemir) une Iraniennne immigrée clandestine, assiste au crime sans le vouloir, et se trouve prise au coeur d’un engrenage dont elle ne comprend pas la cause. Tahir, ( Engin Akyürek) le bras droit du parrain mafieux Ali Galip ( Mustafa Avkıran), Mehmet, le commissaire de poliçe ( Firat Tanis), collègue du policier défunt, qui s’acharne sur Tahir sans que l’on sache pour l’instant pourquoi. Enfin et non des moindres, l’enfant malade de Farah, Kerimşa ( Rastin Paknahad), le point faible de Tahir. Puis, tous les personnages secondaires. Comme dans un drame de Shakespeare, les dés sont jetés.

Sans vouloir en dire plus à ce stade de l’histoire, on sent très vite que tous les personnages sont liés entre eux par des fils invisibles, au premier niveau, dans le film d'action, mais aussi sous le filtre du réel, au delà des apparences, se joue un complexe réseau de relations qui donne son ton à la série. Nous assistons à un enchevêtrement de relations passées et présentes, entre des gens que tout semble opposer. Nous entrons donc dans un drame psychologique, émotionnel, où le non dit entraîne les personnages vers des situations qu'ils ne maîtrisent pas. D'autre part on sent instinctivement que Tahir, Farah, Mehmet, la femme d'Ali et les autres, cachent tous des secrets et des douleurs et portent le poids de leur passé. C'est là que se niche l'excellence de cette série.

Premières impressions: le parti pris visuel de la mise en scène et le jeu d’Engin Akyürek.


Parti pris visuel.

L'affrontement entre Mehmet et Tahir, la culpapilité intérieure de Khaan, le regard de Karimşa , le visage d'Ali quand il demande à Tahir de tuer Farah , tout est filmé en caméra rapprochée, plus encore, cette caméra tourne autour des visages et des corps pour mieux en extraire l'essence, les secrets, la folie.


Engin Akyürek.

La présentation dans cette histoire de Tahir, le bras droit du chef mafieux, est exemplaire du choix stylistique et narratif du metteur en scène . Qui d'autre qu'Engin Akyürek pour se glisser avec tant de vérité dans la peau du malfrat et révéler dans son jeu, les strates complexes et les contradictions qui habitent le coeur humain. L'acteur cameléon, apparaît d'abord comme l'archétype du mauvais garçon, le tueur à gage sans scrupules, prêt à tout, cruel et sans pitié. Engin Akyürek entre dans la peau du mauvais garçon avec jubilation, transforme son corps, sa façon de marcher, se courbe, se voûte, menace, se vautre dans la noirçeur. On y croit un moment, mais très vite, on sent bien la fissure, la faille qui affleure. L'acteur, filmé souvent en très gros plans par une caméra invasive, déploit la myriade de subtilités qui le caractérise. Sur le visage de Tahir, on voit passer les orages, la noirçeur, la dureté, puis l'instant suivant, dans les scènes avec Kerimşa, face à l'innocence, son regard vacille, hésite, s'adoucit, un sourire l'éclaire, un frémissement de compassion apparaît, mettant à jour la complexité derrière le masque. Lorsque Mustafa lui demande de tuer Farah, le ballet des regards entre les deux hommes en dit long sur le drame à venir, Mustafa saisit l'hésitation de Tahir, dont le regard un instant se fige, le mouvement infime de ses paupières parle pour lui. Ces micros variations dans son expression, étaient déjà présentes dans Sefirin Kizi. Engin Akyürek marche dans les pas des acteurs expressionistes, et nous plongeons avec lui, le regard suspendu au sien. Vivement la suite !


Cathie Hubert

Artiste, auteur. 10 Mars 2023.






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